Edouard Ferlet
« Think Bach » Op.2
Dans la lettre imaginaire qu’il adresse à Jean-Sébastien Bach en préface au second volume de son « Think Bach », Edouard Ferlet écrit : « Chacune de tes inventions fait de moi un homme plus vivant, plus présent, plus heureux. » — Ferlet tutoie Bach. Non par prétention mais par proximité, par une familiarité que lui inspire l’intimité qu’il a développée avec sa musique au fil des années. Pas question, pour autant, dans l’esprit du pianiste de vulgairement « jazzifier » Bach ou de faire swinguer ses pièces fameuses. Ferlet a préféré élaborer un répertoire entièrement nouveau qui, sans faire mystère de son inspirateur, tient debout par lui-même, et lui permet, en solo, de s’évader vers ses propres mondes intérieurs, avec autant de fantaisie que de profondeur.
Edouard Ferlet (piano)
Crédit photo : ©Grégoire Alexandre
Édito
Le jazz dans toutes ses largeurs ? Ce pourrait être le sous-titre de la nouvelle saison de Sorano Jazz. Notre programmation est une invitation à arpenter les territoires du jazz. Territoires aux frontières floues, car cette musique ne cesse d’évoluer, souvent par l’emprunt et le métissage avec d’autres formes d’expression musicale, territoire à l’histoire riche, que les musiciens portent en eux et à laquelle ils reviennent avec affection, comme en témoignera certainement notre concert marathon en hommage à Thelonious Monk.
En une saison de concerts, nous passerons ainsi d’artistes qui s’expriment dans le langage orthodoxe du jazz à d’autres qui cherchent à en élargir les codes, de musiciens qui prennent pour exemple les inventeurs du genre à d’autres pour qui le jazz est d’abord le moyen de l’échange et de la rencontre. De Monk à Bach, de l’Orient à l’Occident, du be-bop à l’avant-garde de Brooklyn, du solo au big band, le jazz se déploiera dans une multiplicité de formes aussi personnelles que ceux qui les jouent. Outre deux spectacles pour enfants, Sorano ouvrira deux fois dans la saison un « jazz club découverte » — une nouveauté — pour se rapprocher plus encore de l’esprit de fabrique de ces lieux sans lesquels cette musique ne serait certainement pas la même !
Vincent Bessières